jeudi 31 décembre 2009

En France, la Pantalonnade se porte "brune"

Pantalonnades n°7 et n°8

Arrive la fin d'année, le moment est venu de décerner la Pantalonnade d'Or 2009. La lutte fut rude, les candidats au titre s'étant particulièrement surpassés ces dernières semaines. Autant évoquer les épisodes précédents sous la forme d'une brochette tant cela nous semble émettre sur une même longueur d'onde. On a ainsi constaté que, dans notre pays, la tendance est au brun. Après la vague de sinistre mémoire des "chemises brunes", voici l'heure des pantalonnades "brunes". D'un coup, les relents nauséabonds qui en émanent devraient nous inciter à ne pas en rire. Pourtant, pareille ridicule accumulation, pareille insistance à agiter le bâton merdeux nous font incliner vers le comique de répétition.

J'ai le souvenir d'une sale blague de Vuillemin où quelque capitaine de navire demande qu'on lui donne son pantalon brun, pour ne pas que ses troupes remarquent s'il se faisait dessus lors de l'abordage.

"Hardi, matelots ! Montrons à ces chiens d'Anglais ce que valent les corsaires du Roy ! La partie risque d'être rude ! Je ne veux pas que le combat s'arrête si vous me voyez blessé ! Qu'on m'apporte donc ma chemise rouge!"

Pantalonnade n°7
Avant cette tendance lourde, on pourrait aussi toucher un mot sur ces esprits bien-pensants qui se sont vautrés dans le blâme de l'équipe de France après son barrage contre l'Irlande et la fameuse main de Thierry Henry. Des donneurs de leçons qui s'estiment curieusement en position de jeter la première pierre. Jacques Attali en oubliait ses casseroles, plagiats divers pour ses ouvrages et dépenses somptuaires dans sa gestion de la BERD, pour exiger que le malfrat soit privé de Coupe du Monde. Christophe Dechavanne négligeait sa vaste entreprise de fond depuis plus de vingt ans, visant rien moins qu'à servir les foyers en âneries télévisuelles en tous genres, sa vaste entreprise d'abrutissement des esprits, et reprenait ses airs de bourgeois bordelais ne sachant plus quelles valeurs transmettre à son fils devant pareille tricherie, et lançait même une pétition ! Grandiose pantalonnade de l'inutile et du faux-derche...

Pour notre trophée du rire jaune, la Pantalonnade d'Or, Eric Besson est hors-catégorie et, pour le coup, fait plutôt froid dans le dos. Mais ses acolytes rivalisent...

Pantalonnade n°8
Brice Hortefeux et ses Auvergnats "petits et rablés", Nadine Morano et ses casquettes en verlan, Henri Guaino et son cynisme, capable de déclarer que ce débat sur l'identité nationale est là pour éviter que des catégories de personnes se dressent les unes contre les autres (Le Figaro, 23/12). Malgré ces interventions de haut vol, la Pantalonnade d'Or de l'année me semble tout droit filer vers le caporal bas de plafond, Eric Raoult...

Qu'un homme politique ait seulement pu penser un seul instant qu'un écrivain devrait se soumettre à un "devoir de réserve" dès lors qu'il reçoit le Prix Goncourt me semble incroyable, tant c'est confondant de bétise. Mais voilà, il y en a bel et bien un qui l'a pensé et qui l'a dit haut et fort. Eric Raoult est celui-là. L'écrivain visé est Marie N'Diaye qui avait, quelques mois plus tôt, déclaré que la France de Sarkozy lui semblait "monstrueuse". Des propos qu'Alain Finkielkraut a qualifié d' "ivrognerie verbale" mais c'est toi qui l'as dis, c'est toi qui l'est, mon gars. Raoult a fait très fort, d'une pierre deux coups : combiner à la fois racisme primaire et mépris de la liberté d'expression. A droite, on notera au moins la réaction de Jean-François Probst, qui dit à propos de cette sortie, "c'est comme si, au Siècle des Lumières, on disait 'Voltaire, ferme ta gueule'!"

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