mardi 13 avril 2010

Une visite du studio Daptone avec Gabriel Roth, a.k.a Bosco Mann

Sharon Jones & The Dap-Kings n'étant pas programmés sur Montpellier, plutôt que de parler du concert au Trabendo de ce soir auquel nous n'assisterons pas, on ferait mieux de revenir un instant sur leur son et son principal artisan, Gabriel Roth.

Si Sharon Jones est l'évidente vedette de l'aventure, sans Gabriel Roth, rien de tout cela ne serait arrivé. Il est, avec Neal Sugarman, le fondateur du label Daptone. Et, au sein des Dap-Kings, il tient la basse sous le nom de Bosco Mann, petit moustachu au fond de la scène, imperturbable clé de voute de l'édifice groovesque des Dap-Kings.

Mais outre ces deux activités déjà essentielles, de patron de label et de bassiste, Gabriel Roth a une autre casquette encore plus importante : il est le producteur des groupes Daptone et a su imposer une signature sonore très particulière, participant à ce mouvement qui revient vers l'analogique et abandonne le digital. Ainsi, même s'ils n'aiment pas qu'on les qualifie de "rétro", ils ont quand même tendu le bâton pour qu'on leur colle ce qualificatif.

Le magazine Sound On Sound est allé à sa rencontre afin qu'il nous propose un rapide tour du propriétaire et explique ses méthodes de travail.

Gabriel Roth a d'abord été membre des Soul Providers qui sortait ses disques sous le label Desco (il était également guitariste au sein d'une précédente mouture d'Antibalas). Après qu'il ait fermé boutique et que le groupe ait fait sécession, il est parti fonder Daptone avec le saxophoniste Neal Sugarman, du groupe Sugarman 3. Les compères ont réussi à trouver un local à Bushwick, une vieille maison de briques, dans un quartier de Brooklyn qui échappe encore à la gentrification, à l'embourgeoisement.

Une fois les locaux trouvés, encore fallait-il les aménager. Le studio Daptone, surnommé House of Soul, a été réalisé par les membres du label, en adeptes convaincus du DIY, chacun mettant la main à la pâte avec, par exemple, les Budos Band tombant les cloisons ou Sharon Jones se chargeant de tendre les câbles électriques. Bel esprit d'équipe.

Gabriel Roth n'est pas un "idéologue" du son vintage. S'il enregistre sur bandes et travaille en 8 ou 16 pistes, c'est juste parce qu'il trouve que ça sonne mieux ainsi."Show me a computer that sounds as good as a tape machine and I'll use it". Il se décrirait plutôt comme un minimaliste pragmatique. Ainsi n'utilise-t-il qu'un ou deux micros pour enregistrer la batterie. De même avec la section de cuivres. Les trois Daptones Horns jouent donc live, face à un seul micro, placé à un peu plus d'un mètre d'eux, afin que leur son puisse déjà se mélanger avant de l'atteindre. "What you want to do with horns is let them mix themselves. Give them enough room for the sounds to blend before they hit the microphone. The sound you want really is coming from the musicians, and when guys have played together for a while it's not a strain to get a good sound".


Autre approche radicale du son chez Daptone, Roth propose une balance très tranchée, "beatlesque" comme le suggère Sound On Sound, en mettant la batterie à gauche et la basse à droite. Le maître des lieux donne l'explication de ce choix : "It's kind of like when you're in a restaurant and they have music playing through speakers in the ceiling but where you're sitting you can only hear one side of the stereo. It gives a lot of space down the middle for vocals". Voilà : ça laisse plus d'espace au centre pour la voix, CQFD !

La visite continue, en vidéo cette fois-ci :



A lire, "Soul Reviver", le portrait très fouillé que Saki Knafo consacre à Roth pour le New York Times...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire