jeudi 16 septembre 2010

J'ai huit secondes pour vous dire que Norman Whitfield, c'est de la Nytro !

Le Dr. Funkathus décrète que le 16 septembre est le Norman Whitfield Day !!! Un redoutable élixir, vous pouvez me croire !

Depuis deux ans aujourd'hui, Norman Whitfield est membre du Funkin' in Heaven & Hell All Stars Club. Un club où votre booty, qu'il rôtisse entre les flammes de l'enfer ou se tamponne sur un nuage moëlleux, va onduler sur du bon groove. Le Club est hélas riche de la plupart des acteurs les plus prestigieux que le Funk nous ait jamais donné. Ainsi, le 16 septembre 2008, Norman Whitfield nous quittait. Depuis il trône à la console de ce Club si particulier.

Je vais la faire courte puisque je n'ai que huit secondes pour vous dire à quel point Norman Whitfield, c'est de la dynamite. Enfin, plutôt de la nytro en fait...

On a souvent mis l'accent sur la première période de sa carrière. Quand il connût son heure de gloire en devenant le directeur artistique de la Motown, son archi... BOUM !!! Bon, huit secondes, c'est décidément trop court... On reprend : architecte sonore, branchant le label de Berry Gordy sur le courant psychédélique, faisant souffler la tornade funk qui déferlait sur le pays jusque dans les rangs des Temptations. Ici même, lors de l'hommage que nous lui rendions dans Goutte de Funk (@ Divergence-FM) après l'annonce de sa mort : Requiem Sympho-Délique-Soul pour le Démiurge du Son Motown, c'est sur cette période que nous insistions le plus.

C'est cette période où il invente ce son psychedelic-soul, qui demeure sa marque de fabrique et qui est généralement considérée comme le pinacle artistique de son œuvre. C'est par cette période que je l'ai découvert. J'ai des souvenirs forts de ces après-midis aux Puces de Montreuil où j'allais farfouiller dans tous les bacs de vinyls qui traînaient. J'ai le souvenir d'un froid mordant et quand vous êtes en train de digger les bacs, les gants ne sont pas commodes. Le prix à payer pour se réchauffer au son des albums des Temptations, véritables trophées de ces longues recherches : se geler d'abord les doigts et les pieds. A Détroit aussi, les hivers sont rudes, on était finalement dans la couleur locale. Très précisément, le choc initiatique est venu d'une compil' française de titres Motown de 1973. Oui, c'est la pochette que vous voyez ci-contre. Excusez la photo, je viens de la prendre dans l'urgence... La plupart produits par Whitfield. Un choc fulgurant. Et vingt-cinq ans plus tard, ce son psychedelic-soul reste pour moi une référence absolue.

Cette période Motown de Norman Whitfield est donc la plus (re)connue. Pourtant qui aime le funk ne peut rester insensible à l'évolution de son travail dans les années qui suivirent.

Ainsi aujourd'hui, c'est sur ce qu'il produisit après son départ de la Motown que nous voudrions insister. En 1973, il partit fonder les Whitfield Records et débaucha sa créature, The Undisputed Truth, pour qu'elle l'accompagne. Créature en forme de trio vocal sur lequel il pouvait se livrer à toutes sortes d'expérimentations soniques et reproduire ensuite certaines formules avec le groupe-phare de la Motown, The Temptations.

The Undisputed Truth passa ainsi de groupe de deuxième division à tête de gondole de la nouvelle écurie. Mais il ne fut pas le seul transfuge de la Motown à rejoindre Norman Whitfield. Willie Hutch et Junior Walker Jr. également enregistrèrent une paire d'albums sur son nouveau label.

Cette période plus récente de la carrière de ce génial producteur témoigne d'un changement de cap. Les mauvaises langues diront toujours qu'il ne faisait que s'accrocher à l'air du temps. Mais à l'époque du disco triomphant, dans sa quête du groove parfait, Norman Whitfield a su saisir le Zeitgeist des dancefloors sans dénaturer l'esprit du funk. Ce qui n'est pas rien.

Ci-dessous, mon titre favori des années Whitfield Records de la "créature" : "Tazmanian Monster", titre débile pour morceau génial. Des guitares en folies... On croirait y reconnaître le style inimitable de Wah Wah Watson pourtant l'album n'est pas mentionné sur sa discographie officielle. Quelque encyclopédiste de la chose funk pourrait-il confirmer l'info ? Morceau excellent sur un album qui en comprend d'autres... L'album dont est tiré ce titre s'appelle Smokin'. Quand on sait que trois ans plus tôt, The Undisputed Truth avait enregistré Higher Than High, on soupçonne que, pétard !, la créature et son mentor ont traversé les 70's dans un sacré état de bluntedness !


Mais plus que The Undisputed Truth, qui avait déjà été de l'aventure Motown, ce soir, nous voudrions aussi faire connaître le formidable producteur qu'était Norman Whitfield à travers son travail pour un groupe méconnu, publié sur son propre label : Nytro.

Pour cela, le Dr. Funkathus vous indique humblement la voie vers la contribution précieuse de spécialistes de la chose. Alors, suivez ce lien et vous arriverez sur le blog de BabyGrandpa. Sur une page consacrée aux deux albums du groupe Nytro qu'il a produit. Nytro (1977) et Return to Nytropolis (1979).

Baby Grandpa a superbement rippé ses vinyls pour en proposer une "pristine" (comme il a coutume de dire) version mp3 320kbps qui sonne à la perfection. Pour compléter le tableau, il a sollicité Simon666, le "tenancier" de Never Enough Rhodes, pour écrire une présentation de ces albums hélas trop confidentiels. Deux magnifiques témoignages du chemin vers le pur funk qu'avait alors emprunté Norman Whitfield. Et j'en profite pour le dire : Baby Grandpa et Never Enough Rhodes sont deux blogs exemplaires de passionnés qui méritent amplement de figurer en lien en bas à gauche de cette page, puisque désormais j'ai ajouté une barre de liens...

Nytro donc. Ecoutez-ça et dites-vous bien que ça a été enregistré en 1979. Et que ça n'a pas pris une ride...


Ecoutez-ça ! Comment ça groove sévère. Des boîtes à rythmes et des congas, une basse jouée au synthé, comme le faisait Bernie Worrell avec Funkadelic, plus une autre basse qui slappe, la section de cuivres de Nytro, qui souffle si bien qu'on la retrouve sur presque toutes les productions Whitfield Records de ces années-là... Dire que mon titre-fétiche de l'album n'est même pas celui-ci mais l'instrumental "Return to Nytropolis" qui suit sur l'album... Je vous laisse aller découvrir ça à l'adresse indiquée.

Indispensable :
Pour répertorier dans le détail son travail de producteur, Simon666 de Never Enough Rhodes a patiemment constitué une discographie assez exhaustive de l'œuvre de Norman Whitfield. Précieux. D'autant qu'à chaque référence correspond un lien pour la trouver sur la Toile...

Anecdotique :
Peut-être un jour, Norman Whitfield en eût-il marre d'être un homme de l'ombre. Aussi décida-t-il d'écrire un film et de le réaliser. Et de jouer dedans. Bon, le film ne fut jamais fini. A voir l'extrait proposé ici, à l'onglet Norman, on comprend mieux pourquoi... Il s'agit d'une scène interminable où il répond au téléphone. A voir par curiosité pour sa réplique : "I fucked my own daughter, that's what you're telling me ?". Juste avant de raccrocher on l'entend dire : "I'm bigger than that". Oui, Norman t'étais bigger than that. Bigger comme producteur que comme acteur. Mais qui n'a pas voulu être sous les projecteurs un jour dans sa vie ?

1 commentaire:

  1. Merci pour cet article ! Est-il possible de retrouver le lien vers l'extrait du film mentionné où Norman Whitfield jouerait ? Merci mille fois

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