mardi 22 mars 2011

Et en plus Aloe Blacc danse très bien : "Loving You is Killing Me", la nouvelle vidéo


Hier soir, Aloe Blacc était en concert à la Cigale. Il réalise actuellement une grande tournée européenne de près de quarante dates. Montpellier hélas ne figure pas sur le parcours. Et même si le concert de la Cigale affichait complet, les Parisiens auront droit à une séance de rattrapage dans un mois, le 24 avril, au Trianon. 


A défaut, on se contentera de sa nouvelle vidéo où il envoie le pas de danse. Sa silhouette nous rappellerait presque celle de Sam Cooke, même élégance. Si ce n'est que Sam Cooke ne savait pas danser, ce qui devait bien être la seule chose qu'il ne fasse pas avec classe. Il avait pourtant essayé de s'y mettre, pour parfaire encore ses prestations sur scène, et prit donc des cours de claquettes mais, décidément, ce n'était pas son truc. Ses amis le lui firent diplomatiquement comprendre. Autre point commun, comme Sam Cooke, Aloe Blacc est un garçon cultivé qui lit (Thoreau, Ralph Waldo Emerson, les existentialistes). Et la voix ? Faut pas exagérer non plus.

Dans ce clip de "Loving You is Killing Me", minimaliste au possible, un fond blanc, une chaise basse pour seul accessoire, Aloe Blacc partage la vedette avec un gamin danseur, Miles Brown, aka Baby Boogaloo. Le gamin n'a que six ans mais il a déjà sa chaîne YouTube et a été invité à faire démonstration de ses talents dans plusieurs émissions de télé. Il n'échappe pas à la manie qu'on les enfants vedettes américains de cabotiner. J'ai souvent ici vanté les mérites du label Stones Throw qui a publié Good Things, l'album d'Aloe Blacc, insisté sur leurs exigences artistiques, leur politique de sortir des vinyls en tirage très limité, mais cette fois-ci, on peut légitimement se demander si, avec ce clip, on n'assiste pas à une tentative plus commerciale. Le genre de truc qui va ouvrir des portes à l'artiste, toucher un nouveau public, le grand public, celui qui trouvera adorable et mignon, si adorable et si mignon, de voir un enfant danser. Allez, je ne vais pas faire la fine bouche, d'autant que j'ai un jeune public à la maison friand de ce genre de performance, surtout si Baby Boogaloo se lance dans un tribute à Michael Jackson !

Pour revenir au clip, j'ignorais qu'Aloe Blacc dansait aussi bien. Cela suffit à faire le spectacle et à donner envie de le revoir. C'est comme le "Tightrope" de Janelle Monae. Quand on sait bien danser, pas besoin d'effets spéciaux ! Il danse vraiment très bien et, dans le clip, fait même un saut périlleux arrière. Un saut périlleux arrière ! Ah, ah, je suis pris d'un doute, avec mon fond toujours sceptique, je me demande si finalement ils n'ont pas eu recours aux effets spéciaux sur ce coup-là... Parce que sinon, avec toutes les publications autour de ce nouveau clip, les attachés de presse nous auraient averti qu'Aloe Blacc dans sa nouvelle vidéo faisait un saut périlleux arrière, les journalistes l'auraient interrogé : "mais où donc avez-vous appris à faire des sauts périlleux arrière ?". Non ? Vous croyez pas que ça se saurait ? Ou peut-être que c'est finalement assez commun si vous avez fait de la danse hip hop, mouais...

Cette vidéo nous offre l'occasion de réparer un manque, celui de n'avoir pas trouvé le temps de parler de Good Things, on me le demandait, "alors, quand est-ce que tu parles d'Aloe Blacc ?" Voilà, c'est chose faite, pas plus tard qu'aujourd'hui. Good Things est un album très réussi qui participe de ce retour de la soul tout en traitant de sujets contemporains. Côté mise en forme, on y retrouve les orfèvres Leon Michels et Jeff Silverman, toujours capable de faire sonner un disque à la fois vintage et contemporain. Car s'il chante soul, une musique pour lui intemporelle, une des forces d'Aloe Blacc est d'inscrire ses thèmes dans la réalité sociale de son pays. Ainsi l'album a par exemple été porté par le single "I Need a Dollar", qui entrait en résonance avec la situation de crise. 

Le succès de Good Things pourrait être l'occasion de redécouvrir son premier album, Shine Through. Bien qu'inégal, je crois que c'est encore celui que je préfère, beaucoup plus varié au niveau de ses influences, plus expérimental. D'ailleurs, la comparaison avec Sam Cooke évoquée plus haut y trouvait un nouvel argument puisque Aloe Blacc reprenait "A Change is Gonna Come", retitré "Long Time Coming". La reprise la plus originale du chef d'œuvre de Sam Cooke que je connaisse.

Un dernier mot, "Loving You is Killing Me" est extrait de Good Things mais ne figure pourtant pas sur la version de l'album que j'ai, remplacé par un autre titre, "Hey Brother".


3 commentaires:

  1. Cool, impossible de ne pas danser avec ce rythme, nous avons adoré ! Merki

    RépondreSupprimer
  2. Je ne sais pas chez vous mais en Belgique I need dollar a touché le "grand public". Il est diffusé en heavy rotation (je crois que c'est comme cela qu'ils disent) sur la première (chaine publique similaire à france inter), sur les chaines plus commerciale type rtl et est souvent utilisé en télé pour donner un fond sonore à des reportages. Ca doit être le plus gros carton de stone throw en tout cas si on sort du public amateur de rap ou de funk.

    RépondreSupprimer
  3. Ici aussi, c'est sans conteste le plus gros succès de Stones Throw, probablement le seul à avoir touché le grand public. Maintenant, je n'ai pas fait gaffe si "I Need a $" est rentré ou non dans notre Top 50, dominé par l'indétrônable René la Taupe, ce qui au passage en dit long sur nos goûts musicaux...

    RépondreSupprimer