mercredi 2 mars 2011

Quand Gainsbourg disait "pauvre con" à la télé...


Il y a exactement vingt ans aujourd'hui, disparaissait Serge Gainsbourg.

Chacun a son Gainsbourg. Mais quel qu'il soit, son image est souvent dissociée. Ou s'est dissociée avec le temps, à mesure que Gainsbarre prenait le pas sur l'autre. Mon Gainsbourg n'échappe pas à cette dissociation. Il y a, d'un côté, cet artiste brillant qui jouait avec la langue comme personne, de l'autre, ce personnage outrancier, volontiers grossier, dont on se demandait s'il parvenait, même dans la vulgarité, à rester classieux, pour reprendre un néologisme de son cru, classieux. Peut-être ? Pas sûr. De l'autre, l'auteur sensible que son complexe de peintre raté obligeait à dire que la chanson est un "art mineur".

De son vivant, ses pitreries, si télégéniques qu'elles nourrissent encore les bêtisiers et autres programmes ouroborossiens où la télé s'auto-célèbre en faisant tourner en boucle ce qu'elle considère comme ses propres moments d'anthologie, faisaient écran avec son œuvre. Peut-être est-il plus facile de le découvrir maintenant pour se concentrer sur ses chansons sans qu'elles soient parasitées par quelque extravagance à l'élocution pâteuse.

Je me souviens très précisément de la première fois où je l'ai vu et entendu. C'était en regardant Le Pacha à la télé. Un film de Lautner avec l'immense Jean Gabin qui, à cette époque-là, était déjà passé en mode "repeat", rejouant le même type de personnage d'un film à l'autre. C'était un soir de vacances, indispensable condition pour avoir l'autorisation de rester debout si tard. Alors tout môme, j'avais été très impressionné d'entendre ce type dire "con" dans une chanson à la télé. C'était le "Requiem pour un con" qu'il interprétait et avait composé pour le film. Je crois bien que c'était la première fois que j'entendais le mot à la télé. Enfin, peut-être qu'avec les films d'Audiard avais-je déjà été confronté au gros mot à la télé mais je n'en ai pas souvenir. Signe que c'est vraiment Gainsbourg qui m'a marqué. En parlant d'Audiard, c'est encore lui, incontournable, qui a écrit les dialogues du Pacha.

Pour se remettre dans l'ambiance et comprendre ma stupéfaction d'enfant, voici l'extrait en question où Gainsbourg chante son requiem. Il a une façon telle de dire "pauvre con" que c'est un souvenir marquant encore aujourd'hui.

Ayant un petit faible pour les seconds rôles, je préciserai, détail superficiel et parfaitement inutile, que le bassiste est interprété par André Weber. Cette information, si minime soit-elle, a peut-être sauvé votre journée si je vous ai appris quelque chose : une journée où on n'apprend rien est une journée perdue...


1 commentaire:

  1. Dieu sait s'il y a eu de bons articles ici,mais pousser la perfection jusqu'a parler d'André Weber, bravo.
    Ps: A quand une analyse de l'album d'Aloe Blacc
    M.A C

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