samedi 9 avril 2011

Sly Johnson, du beat-boxing à la soul


Sly Johnson se produisait ce soir à la salle Victoire 2, Montpellier. Même si je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de m'y rendre, alors que j'avais pourtant coché depuis longtemps la date dans mon agenda, l'artiste méritait de voir son passage signalé.

Il vient présenter sur scène son album 74, un album qui marque un virage spectaculaire dans son travail. Sly Johnson incarne à merveille la notion de reconversion réussie. Cet ex-Saïan Supa Crew a approfondi son art du beat-boxing après la séparation du groupe. Il fut sollicité sur des projets artistiques ambitieux et particulièrement originaux, par Camille, Rokia Traoré ou Erik Truffaz, pour ne citer qu'eux. Sur l'album Music Hole, Camille l'a invité à poser ses bruits de bouche sur un album quasiment déserté par les instruments de musique et où tout le reste n'est que voix, onomatopées et sons du corps. Erik Truffaz a consacré tout un album à leur collaboration sur son projet Rendez-Vous, triple album où chaque disque avait pour titre une ville, Paris, Bénarès, Mexico.

Mais, surprise, quand Sly se lance dans un premier album solo, c'est métamorphosé en chanteur de soul qu'il se présente. Après que le Saïan ait explosé les ornières du rap français, c'est dans un même impératif de sortir des carcans que ses membres se lancent dans leur carrière solo. Après que Féfé ait imposé son rap-chanson, Sly Johnson arrive là où on le l'attend pas, le human beat boxing remplacé par le chant. Sans se renier puisqu'il confesse encore composer en faisant la beat-box, Sly raconte que cette nouvelle voix de chanteur lui est sortie un beau jour, comme par miracle. Impressionnant de maîtrise vocale, Sly Johnson, en même temps qu'il réalisait avec 74 un album dans un genre où il y eut peu de réussite en France, accomplissait un travail de deuil en donnant une profondeur autobiographique à ses interprétations.

Sly Johnson, de son vrai nom Silvère Johnson, a probablement enflammé la scène de la salle Victoire. Inutile d'épiloguer, je n'y étais pas.


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