mardi 17 mai 2011

Amina, une interview inédite


Après avoir rappelé samedi dernier qu'Amina avait failli gagner l'Eurovision il y a vingt ans, voici une petite interview qu'elle m'avait accordé en décembre 1999. Aucune révélation, ni développement conséquent sur sa carrière, simplement un rapide échange dont était banni le sérieux.


L'entretien s'est improvisé à la fin d'une soirée des Belles Nuits du Ramadan, au Café de la Danse, le 14 décembre 1999. Je couvrais alors ce festival pour le site MZZ. Chaque soir, je réalisais une brève interview des artistes programmés, enregistrais des extraits des concerts puis en rédigeais un compte-rendu pour le lendemain. Ce soir-là, s'étaient succédés sur scène Digital Bled et U-Cef. Sur un titre, Amina était l'invitée de Pedro, le leader de Digital Bled. L'occasion d'aller poser quelques questions à cette grande dame. 

Improvisé backstage dans une loge bien pleine, l'entretien s'est déroulé dans la bonne humeur d'une fin de soirée réussie. Amina n'avait aucune actualité particulière mais s'était bien amusée et quand Amina répond à quelques questions, c'est déjà un petit spectacle. Et ce soir-là, l'assemblée n'avait d'yeux que pour elle et tendait l'oreille, non pas parce qu'elle était Amina mais parce qu'elle est intenable et met de l'ambiance. Diva joyeuse, Amina possède une sacrée personnalité. Apostrophant l'un, chambrant gentiment l'autre, c'est elle qui menait la conversation quand bien même c'est moi qui posais les questions. 

Un mot sur votre participation au concert de Digital Bled ?
Amina : "Voilà, en deux mots, super-prestation. Je me suis beaucoup amusée, on a fait la fête. Et puis c'est bien, non ?"

Cette collaboration risque-t-elle de déboucher sur un projet de disque ?
Amina : "On verra. Vous savez, faut pas trop faire de plan. On sait jamais si la phrase qu'on commence aujourd'hui on va la finir demain. Si Dieu veut, comme on dit. On commence des phrases et on croit que demain on va pouvoir les finir. Déjà aujourd'hui on a fait ça, on est heureux. Demain, on verra. Mais ce serait bien, non ? Qu'est-ce que vous en pensez ?"


U-Cef me disait tout à l'heure que vous aviez également des projets communs ?
Amina : "Déjà ? J'ai même pas encore dit un truc sur Pedro que vous zappez sur U-cef. On va commencer par Pedro ! C'est important d'abord parce que Pedro, je le connais depuis que j'ai dix-huit ans. On est sorti dans les mêmes boîtes de nuit. On a fréquenté la même bande de Ménilmontant, donc on était un petit peu les petits voyous, les gentils petits voyous qui voulaient faire de la cuisine, non ! J'ai faim ! De la musique !"

C'est la rupture du jeûne !
Amina : "La rupture du jeûne, oui. Et, là, on se retrouve sur scène. Et c'est étonnant parce qu'il me disait qu'il voulait faire de la musique. Et un jour, je vois débarquer un monsieur avec la voix grave comme ça. Parce que des fois, il appelait chez moi et ma mère disait 'non, ma fille n'est pas là, non, ma fille n'est pas là', et quand je vois Pedro, je lui fais 'non, ma fille n'est pas là'. C'est le mot de passe qu'on a entre nous. C'est vraiment bon la musique qu'il fait et je suis contente de prêter ma voix pour cette musique-là. Parce qu'il y a une ambiance magique, une ouverture sur toutes les musiques. On ne se revendique pas de telle région parce que moi, je déteste ça. Et il y a des chanteurs traditionnels qui font très bien ce qu'ils font. Je pense qu'aujourd'hui ce qui est intéressant dans la nouvelle génération, c'est qu'ils n'ont pas peur de mettre des baskets avec un kilt, avec un jean en dessous. Et c'est ce qu'on fait dans les nouvelles musiques avec Pedro. Il y a une ouverture d'esprit comme dans le jazz où on laisse s'exprimer chacun sous la forme qu'il veut, sans dire, 'oh mais là, tu as oublié un vers, un quatrain'. Va-z'y exprime toi gars !"

Bon, et U-cef ?
Amina : "U-Cef ? On a chanté ensemble au Barbican, à Londres. Et on s'est retrouvé à New-York, à Summer Stage, à chanter ensemble. Et là, on va écrire u morceau ensemble pour son album, voilà".

Voilà, c'est tout. Je garde un très bon souvenir de ce petit échange. J'étais content de croiser cette artiste emblématique et charismatique, ravi de découvrir  une telle personnalité. C'était marrant.

Ah, et pour ce fameux morceau avec U-Cef, il ne fallait pas être pressé. Il a finalement vu le jour dix ans plus tard, s'intitule "Kalzoom (Inta Omri)" et figure sur le deuxième album de U-Cef, Halalwood, sorti en 2009. C'est juste l'intervalle entre ses deux albums, dix ans. Mais un jour, c'est promis, je vous posterai l'interview de U-Cef que j'avais également enregistré ce jour-là.


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